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Alnitak

Didier Jean-Yves PIERRE

Mon univers parallèle -4-

Feuille de route

 

Je mange ou plus exactement j’absorbe des litres d’une substance appelée : lait dont je me repais à satiété. Je n’arrête pas de réclamer ce breuvage par des cris et des borborygmes immondes.

Constat : il suffit d’émettre des sons avec ma bouche pour qu’on la remplisse. Cerise sur le gâteau, si je puis dire, je découvre des goûts, des parfums et des saveurs inconnues agréables à cette chose dans laquelle je vis désormais.

Curieusement, dès que je refoule ce liquide délicieux, je sens comme une paralysie m’envahir. Je ne contrôle déjà pas grand-chose, mais là je ne contrôle plus rien… Je m’endors !

C’est donc ça le sommeil.

Je vois beaucoup d’images qui circulent très vite devant mes yeux.

Mon corps bouge malgré moi. Je pédale avec les jambes alors que je suis encore à des années de connaître la bicyclette. Je vois des personnages qui se côtoient, je suis avec eux alors que je viens d’arriver dans cette maison !! Etrange, non !

Se mélangent, pêle-mêle, ce couple qui me nourrit, cette petite fille et d’autres personnes le tout dans un fracas de cris, de bruits étranges, d’explosions et de lumières aveuglantes.

D’où viennent ces informations ?

Alors qu’il me semble être moi-même adulte, je lis dans le regard de ceux qui m’entourent une grande angoisse en me fixant. Je souris, je ne ressens rien, j’ai du sang sur le ventre… Je m’endors comme dans un rêve du rêve que je suis en train de faire! Impossible et improbable.

J’ouvre un œil, puis l’autre. Je ne suis pas au même endroit que tout à l’heure… Etrange !

C’est calme et plutôt sombre dans cette pièce.

 

Que se passe-t-il quand j’ai le dos tourné ?

Mes gestes mal assurés m’agacent. Impossible d’être précis là-dedans. J’avance la main vers mon visage pour gouter ces doigts mobiles qui me permettent de m’accrocher à peu près à tout… Et vlan ! Je loupe ma bouche.

Quelle misère ! Cet orifice de plaisir dans lequel se déverse ce liquide délicieux au moyen de ce qu’elle appelle biberon, est compliqué à atteindre seul.

En revanche, prendre mon pied avec ma main et le ramener vers ma bouche… Fastoche !

Sauf quand le dit pied se dérobe au moment même où je comptais l’introduire à l’intérieur.

Bref, je découvre les joies de la robotique et de sa programmation.

Alors que je poursuis les tests avec tout le reste de la bestiole, je m’aperçois que j’ai la capacité à évacuer, certes de temps en temps, la pesanteur de la chose.

De même que je sens les souvenirs d’avant me fuir irrémédiablement, je m’accroche à une vision qui me semble familière.

Oui ! C’est ça, je vois mon leurre, celui que j’ai programmé durant la descente, m’envoyer désespérément des alertes sous forme de feuille de route avec des points de contact, des dates, des visages, des événements…

Tout se bouscule très vite. J’ai juste le temps de stocker quelques infos avant de replonger dans un état comateux appelé dodo par les humains et catalepsie fréquentielle guidée par Mahasiah, le bien-nommé.

 

Je viens de comprendre une chose : il ne peut pas tout effacer, ni contrôler les mémoires actives de ce robot de chair. De plus, ma programmation in utero, a connecté le leurre avec ces mémoires intra muros en verrouillant tout accès extérieur sauf à la bestiole dont je prends doucement le contrôle.

Moralité, Mahasiah n’y aura pas accès.

Seule contrainte mais de taille, je vais devoir très tôt organiser ce bazar neuronal comme un gigantesque réseau structuré. Fastoche là encore ! A croire que j’ai été créé pour ça.

 

Mais au fait ! N’était-ce pas ce qu’Il voulait que je fasse ?...

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