Mon univers parallèle -2-

Les parents, la descente et l’arrivée mouvementée à Fès par un soir d’avril 1956.

Franchement, pourquoi ai-je choisi ces parents là ?

Qu’ai-je donc à « payer » ?

Quelles fautes, dont je porte le bagage alourdi des larmes de mes ancêtres ou plus simplement mes propres larmes, rivières d’émotions de mes vies passées, dois-je expier ?

Choisir une femme comme vaisseau de naissance est l’acte le plus terrible qui soit. Enfin pour moi, c’est le cas. Comment choisir celle qui me mettra au monde des humains ?

J’aurais pu choisir Marilyn Monroe par exemple. Et bien non, impossible. Il y a une cohérence en tout y compris dans ce cas-là. C’est terrible mais c’est « écrit ». Tout est conséquence de tout.

Je dois prendre une voie initiatique corrective et réparatrice. Pas seulement pour moi d’ailleurs mais pour un tas de personnes que je serai amené à rencontrer…

Il me fallait donc une mère de souffrance, elle-même dans la douleur, la rancœur, la jalousie, la colère, le dénie d’elle-même pour me « nourrir » du mal afin qu’il creuse le lit du bien…

Il me faut explorer des contrées inconnues. La Lumière est partout mais les ténèbres aussi. Seuls, la bienveillance, la patience, la tolérance et l’Amour pourront me sauver une fois que j’aurais acquises comme miennes toutes ces valeurs.

Outre le choix de la « mère », il me fallait un père.

Pourquoi choisir cet homme, ce concepteur dont l’histoire et les origines sont méconnues mais surtout cachées ? Un homme dont la souffrance de l’abandon est telle qu’elle marque dans sa chair une entaille de vide qu’il faudra combler. Mais la combler comment ?

Par une réparation de vie, une réparation affective passant inéluctablement par ce bébé qu’il va concevoir… Moi !

Un père qui n’a pas de père fabrique parfois un fils qui prendra la fonction spirituelle et affective de père de son père.

Rien que ça, quel bagage ! Ai-je vraiment envie d’y aller ? La réponse est non.

Me viennent toutes les images de mon monde, des étoiles qui me sont familières mais aussi, de la lumière de mes amours d’éternité.

Je n’ai pas le choix, je le sais, il faut y aller maintenant.

Je regarde une dernière fois Mahasiah et me propulse dans le toboggan de la conception pour une descente infernale…

Nous sommes extrêmement nombreux sur ce toboggan. Rien n’indique que j’arriverai le premier. D’ailleurs, je m’en balance pas mal à ce moment là. En fait, je sais que c’est moi qui arriverais à destination.

Après une petite éternité au fond de la caverne de croissance, je manque cruellement de place.

Impossible de bouger. Avant de tenter une sortie, je passe en revue ces mois de cohabitation avec cette femme qui a tenté de m’éliminer, au début au moins, car elle ne voulait pas d’autre enfant de cet homme et surtout, convaincue qu’elle était, d’avoir une autre fille…

J’ai vu passer toutes sortes de choses et d’objets contendants y compris une branche de sauge censée provoquer des contractions.

Franchement, fallait vraiment que je reste pour subir ça.

Aujourd’hui, je me demande bien pourquoi. Sans compter les nombreuses allergies que j’ai récupérées mais pas à la sauge… Comme quoi, allez comprendre !

Lui, plus ou moins au courant de ses tentatives de destruction, usa d’un stratagème efficace. Utiliser son alliance comme pendule.

A quoi ça tient la vie, tout de même. Si le pendule avait indiqué une fille… Je ne serais jamais arrivé à destination !

Inconsciemment inquiet je tardais à venir. Comment arriver serein dans de pareilles  conditions ? Un mois de retard sur la vie, un mois à peaufiner les détails d’une arrivée dans la douleur.

Douleur pour elle et douleur pour moi. Cris, hurlements et invocations parfaitement inutiles en l’état. La marque de mon passage est à jamais inscrite dans la matrice humaine de ma mère sur Gaïa.

Une non histoire d’amour commence dès lors entre elle et moi.

Pourtant, elle est surprise. Je suis bien un garçon dont elle ne voulait croire la venue.

L’aventure commence. Je n’arrive plus à voir distinctement la Lumière d’où je viens…